Jeter: Mission Impossible !

surcharge
Jeter : un mot qui fait trembler et nous projette dans des espaces gavés d’objets en tout genre qui se déconnectent au fil des années des véritables besoins. Cette incapacité à jeter donne aux intérieurs un air de cimetière à objets trouvés.

Si votre intérieur et vos armoires se rapprochent pleinement ou en partie de cette image de no man’s land aux objets abandonnés, vous devait connaitre ce rictus nerveux incontrôlable que vous subissez lorsque vous entendez le mot jeter. Malgré cette conscience de la pollution que vous vous infligez, c’est plus fort que vous, vous vous voyez conserver et ranger des piles de choses au fur et à mesure des années, pour satisfaire le sempiternel au cas où ça peut servir.

Révélant souvent leurs vrais visages lors d’un déménagement, ces endroits fossiles racontant vos nombreuses fuites et procrastinations à travers les âges, sont néanmoins précieux pour réaliser à quel point vous avez du mal à jeter.

Avoir du mal à jeter.

La formule est révélatrice : ça fait mal pour certains, proche du déchirement pour d’autres. Les raisons qui expliquent ces états émotionnels dans lesquels jeter vous plonge sont multiples et personnelles. Comme celles qui racontent pourquoi vous avez depuis tout ce temps conservé tout ceci qui, à présent, vous étouffe et vous submerge. Plus ou moins lucides selon chacun, ces comportements qui prennent racine parfois dans les histoires anciennes voire générationnelles ou encore culturelles sont bels et bien des mécanismes puissants qui empêchent de vous séparer des choses qui traversent votre vie.

Alors qu’est ce qui est plus fort que vous ? Qui est aux commandes de vos gestes quand vous gardez les restes de papiers peints alors que la pièce est entièrement tapissée, quand vous déposez l’énième carte de vœux reçue dans la boîte à chaussures déjà débordante, quand vous installez le meuble hérité de tante Alice aussi encombrant qu’inutile ?

Peur de manquer

A travers mes missions d’accompagnement au rangement, j’ai pu observer que la peur du manque est l’un des poisons qui sclérose l’espace libre. Cependant la fièvre du collectionneur qui s’ignore prend régulièrement les mêmes formes. Tout d’abord la version généreuse qui fait garder en grande quantité pour rassasier le au cas où qui palie à toutes les éventuelles situations utopiques projetées dans un futur probable. Ensuite la version figeante, qui elle, n’utilise pas, pour ne pas user et être certain que ce qui est, restera. Quelque soit la source ou la forme de la peur de manquer, elle téléguide l’habitant/robot préparateur de commandes, faisant de son home sweet home un hangar surchargé finement organisé.

Peur du Vide

Mais quelle forêt au juste se cache derrière cet arbre de la peur du manque ? Celle du vide et de l’inconnu. Car même si la saturation de vos espaces de vies vous étouffe cycliquement, elle vous rassure néanmoins de ne pas être projeté dans de la nouveauté déstabilisante de l’espace vide retrouvé.
Cette peur de l’inconnu qui impulse l’urgence de remplir et gaver armoires, réfrigérateur ou autres disques mémoires d’ordinateurs dans l’espoir de trouver calme et confort.

Peur de gâcher.

La cadette de la famille qui participe à cette difficulté de jeter est la peur de gâcher. Elle qui nous transforme en recycleur extrémiste. En effet il est sage de ne pas confondre recycler et tout garder pour ne pas gâcher. Alors OUI, ceci ou cela peut encore servir mais est ce que ceci ou cela VOUS sert réellement ?
Car même si ce qui vous entoure n’est pas arrivé en bout de course de son utilisation, rien ne dit que VOUS devez l’user jusqu’au bout. Dans l’exemple où j’occupe un appartement avec balcon après avoir habité une maison avec jardin, il en revient donc au bon sens de revendre ou donner ma tondeuse quasi neuve, aussi pratique soit elle pour tondre le gazon que je n’ai plus, elle ne me sert aucunement!

Autre facette de cette peur de gâcher : le tout garder. Etre adepte de l’économie de bouts de chandelles n’est valable uniquement que si vous reconstituez réellement une chandelle digne de ce nom après avoir patiemment conservé ces fins de candélabres. Autrement dit ces attentions à tout garder ne sont valables uniquement que si votre intention et vos actions sont raccords.

Se lancer.

C’est donc les trois filles de la famille Panique : peur du manque, du vide et du gâchis qui vous camisolent dans un stress de la poubelle au nom de l’optimisation des ressources et mènent directement dans un intérieur encombré de choses inutiles attendant le tri et le recyclage : une décharge. Le paradoxe est total et le piège refermé.

Comme dit précédemment il y a autant de raisons de vivre ces peurs que d’histoires personnelles les ayant activées et nourries. Et après ?… Savoir pourquoi l’arbre gênant est au milieu du chemin est une chose, s’en occuper en est une autre. Et il n’est pas nécessaire de savoir pourquoi et par quel biais il a été planté pour décider dans l’instant de l’élaguer, le couper ou encore le sculpter. Il sera toujours temps de creuser et découvrir les fondements de vos habitudes et comportements qui vous emmènent envers et contre tout dans un intérieur saturé ou désorganisé ; en attendant vous étouffez. Et le temps est au plan d’urgence.

C’est pourquoi je ne peux que vous encourager à faire sortir ce qui n’a plus lieu d’être chez vous et oser être maître de vos espaces de vies et retrouver dynamisme, légèreté et sérénité.

Jeter c’est
o Clarifier et hiérarchiser ses besoins véritables
o Capter la réelle utilité des choses qui vous entourent.
o Oser déplaire en décidant.
o S’appuyer sur le recyclage, la vente et le don pour passer à l’action.

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